Chapitre 18 : Irina’

Publié le par Charles

 

John avait tenté encore à plusieurs reprises de contacter son fils, mais cela ne fonctionnait pas. Il n’aimait vraiment pas déranger les gens et était relativement timide, mais il commençait à être réellement inquiet.

    Ce n’est vraiment pas normal, se disait-il.

Depuis que son fils était parti de son appartement pour devenir pécheur et se marier, il le contactait très souvent, surtout lorsqu’il était en mer pendant ses longues heures d’attente.

John décida d’appeler sa belle fille pour savoir ce qu’il en était. Il aurait pu le faire beaucoup plus tôt, mais en plus de ne pas vouloir être un père envahissant pour son fils, il avait très peur de ce que celle-ci allait peut-être lui apprendre.

Il pensa qu’il était plus sage d’aller sur son sofa avant d’utiliser sa puce. Après s’être assis il se demanda s’il devait ou non demander à Pierre de venir. En y réfléchissant il se sentit ridicule de demander cela à son ami, comme s’il était un enfant ayant peur d’aller à un endroit sans sa maman. Il mit la main sur son oreille et dit « Irina Baggins ».

    Oui ? lui répondit sa belle fille d’une voix faible.

    Bonjour Irina, c’est moi John…

Ce dernier entendit qu’Irina’ était en train de pleurer.

    Tout va bien ? demanda John le cœur battant à grands coups.

Les pleurs se firent plus forts. Irina’ commença à tousser d’étranglement tellement elle pleurait.

    Calme-toi Irina, calme-toi ! Dis-moi ce qu’il se passe, supplia John.

    Je suis désolée, pleura Irina’, je voulais attendre encore un peu avant de vous prévenir, je voulais que l’on soit totalement sûr.

    Mais de quoi tu parles ? Etre sûr de quoi ? demanda John anxieux.

    Je voulais attendre parce que je sais que vous n’avez pas voulu vous faire mettre une puce de régulation dans le cœur, continuait elle toujours en pleurant. Je voulais garder l’espoir qu’il revienne et vous éviter un choc…

    Que qui revienne ? Tu parles de Jean ? Il lui est arrivé quelque chose ?

    Je ne sais pas comment vous le dire John…

    Dis-moi Irina, je t’en pris, j’ai le droit de savoir ? Jean a eu un accident ?

Irina’ avait beaucoup de mal à parler tellement elle pleurait en même temps.

    Personne ne sait vraiment ce qu’il s’est passé, il y a plein de policiers et de gens bizarres qui mènent enquête et qui m’ont posé plein de questions sur Jean.

    Mais dis-moi enfin, où est Jean, comment va-t-il ? Pourquoi pleures-tu ? insista John de plus en plus paniqué, des larmes lui venant aux yeux.

    On a retrouvé le bateau de Jean… échoué, pleura-t-elle, je l’ai vu de mes propres yeux. Il était couvert d’algues violacées. Les policiers m’ont dit que plus aucune installation ne semblait fonctionner dans l’embarcation, qu’il avait dû se passer quelque chose d’anormal. Ils vont regarder les dernières transmissions de la puce téléphonique de Jean, pour voir s’il n’aurait pas dit quelque chose à quelqu’un avant que cela ne se passe.

John sentit comme un étau se resserrer autour son cœur.

    Et Jean ? murmura-t-il en pleurant.

    On n’a jamais retrouvé son corps, j’ai tellement prié pour qu’il revienne finalement sain et sauf… mais je commence à perdre espoir… les policiers le pensent mort…

Irina’ pleurait de plus en plus fort, ne cessant de tousser en même temps, tant la peine l’étranglait.

En entendant la dernière phrase de sa belle-fille, John sentit comme si son cœur explosait, les larmes inondaient tout son visage, la main qu’il tenait contre son oreille tomba sur le sofa, accompagnée du reste de son corps inanimé.
 

Publié dans Livre: Terre Bleue

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