Chapitre 83

Publié le par Charles

 

Lune’ qui avait l’air très contente regardait sa sœur. Elles venaient de rentrer.

    Etoile ?

    Lune ? répondit sa sœur en la regardant.

    Je pourrai revenir chez toi pour faire comme aujourd’hui ?

    Si tu es discrète oui, en tout cas jusqu'à ce que Maman revienne ? Après ce sera plus compliqué.

    Comment je ferai quand elle reviendra ? demanda Lune’.

    On va y réfléchir, mais peut-être qu’il faudra que tu attendes quelques années pour avoir ton propre appartement…

    Mais c’est dans longtemps ça, fit remarquer Lune’.

    Oui, mais parfois on a pas le choix, répondit Etoile’.

    Je peux revenir demain ?

    Oui, mais fait bien attention que personne ne se doute de rien, tu l’as promis.

    Tu viendras avec moi au Shopping Méditerrané ?

    Non, tu devras y aller toute seule cette fois-ci, lui répondit Etoile’, je t’ai dit que je n’avais pas beaucoup de temps.

Lune’ était déçue de la réponse de sa sœur.

    Pourquoi ? Tu vas où toi avec le téléporteur ?

    Je vais voir mon amoureux.

    Oh tu as un amoureux ! s’exclama Lune’, qui c’est ?

    C’est un garçon très beau et très gentil qui vit très loin, c’est pour cela que j’ai fait installer un téléporteur ici.

    Tu me le montreras un jour ?

    Si tu veux, mais n’oublie pas que tout ceci est secret, tu ne peux pas le répéter. Tu ne peux pas dire non plus à tes amis que tu es allée à l’Empire du Chocolat en te téléportant, tu devras leur dire que tu y es allée pendant un week-end pour que ce soit réaliste.

    D’accord, répondit Lune’ regrettant de ne pas être une petite fille comme les autres.

    Je vais te raccompagner chez toi maintenant, on va aller voir les instructions que Maman nous a laissées sur son bureau pour gérer la société.

Etoile’ et Lune’ allèrent dans le garage où trois gardes gardaient la porte.

    Je vais raccompagner ma petite sœur, dit-elle.

Elles montèrent à l’arrière de l’aérovoiture dans laquelle Lune’ était arrivée.  L’un des gardes monta à l’avant pour leur servir de chauffeur et l’autre monta dans la voiture qu’utilisait couramment Etoile’ pour le voyage du retour.

Pendant le voyage personne ne dit un mot. Lorsqu’ils arrivèrent sur le toit de l’immeuble qui servait de résidence principale à Raphaëlle et à sa plus jeune fille, les deux sœurs descendirent et prirent un des ascenseurs pour aller à l’étage du bureau de leur mère.

Lorsque la porte de l’ascenseur s’ouvrit, elles marchèrent les cent vingt mètres qui séparaient celle-ci du bureau en bois massif de leur mère. Dans tout l’immeuble chacun des 3229 étages, sauf les cent premiers, correspondait à une pièce de plus de dix mille mètres carrés avec des plafonds qui avaient entre quatre et trente-cinq mètres de haut. Il va sans dire que beaucoup de ces étages étaient inutilisés, bien qu’entretenu par les nombreux employés de maison qui vivaient tous sur place. Ce personnel qui répondait à tous leurs besoins allait de la femme de ménage au cuisinier, en passant par les gardes du corps. Ils vivaient dans les cent premiers étages de l’immeuble et avaient des appartements allant de cinquante à quatre cents mètres carrés en fonction de leur grade et de la taille de leur famille.

Raphaëlle avait décoré la grande pièce où se trouvait son bureau de toutes sortes de fossiles et pièces de collection qu’elle gardait uniquement pour elle. Il y avait des squelettes de dinosaures très rares, des armures de toutes sortes, quelques œufs de Fabergé et de très nombreuses armes de toutes les époques et régions.

    J’ai toujours peur de venir ici, confia Lune’.

    Ne t’en fais pas ce ne sont que des objets, lui répondit Etoile’ en prenant un écran portable qui se trouvait sur le bureau de sa mère.

Elle déplia l’écran et regarda un peu tout ce qui y était indiqué.

    C’est la liste détaillée de ce que nous avons à faire, dit Etoile’, elle nous explique tout.

    Ouah, on est vraiment les chefs maintenant.

    Oui, mais je n’ai pas le temps de régler toutes les affaires de Maman, j’ai ma propre vie moi, dit Etoile’, je vais l’appeler.

Etoile’ mit la main à son oreille et dit « Maman ». La seconde suivante, pendant qu’elle attendait d’être mise en communication avec sa mère, la puce de Lune’ lui indiqua qu’on l’appelait, elle s’éloigna de quelques mètres d’Etoile’ pour ne la gêner.

    Allo, dit-elle.

    Lune ? C’est toi ? lui demanda la voix de sa sœur.

Lune’ se retourna et vit Etoile’ en train de la regarder.

    Pourquoi tu m’appelles alors que je suis à côté de toi ? lui demanda Lune’.

    Ce n’est pas toi que j’appelais, c’était Maman, essaie de l’appeler toi, lui dit Etoile’ avant de couper la communication.

Lune’ garda la main sur son oreille et dit « Maman » en regardant sa sœur. La puce de cette dernière émit un bruit montrant qu’il y avait une communication entrante pour elle. Elle regarda de qui cela provenait et vit que c’était de Lune’. Elle avança vers sa sœur et lui dit,

    Quelle poisse ! Maman a fait dévier tous les appels qu’elle pouvait recevoir sur nous deux.

    C’est normal, puisque c’est nous les chefs maintenant !

    Mouais, ça t’amuse toi de devoir faire tout le boulot de Maman pendant que « Madame » va se promener dans l’espace en ne nous laissant qu’un néomail très court et une liste de chose à faire ?

    Oui c’est super ! répondit Lune’ on va bien s’amuser, on ne va pas s’ennuyer comme ça !

Etoile’ regarda sa sœur.

    Tu sais que je suis très occupée, dit-elle.

    Oui, répondit Lune’.

    Alors si tu veux t’occuper de ce que Maman veut que nous fassions, tu seras toute seule. Tu crois que tu pourras te débrouiller ?

    Je ne sais pas, admit Lune’ qui n’avait même pas encore lu la liste des choses à faire.

    Quand tu ne sauras pas quoi faire, tu pourras m’appeler par puce téléphonique.

    D’accord, dit Lune’.

Etoile’ lui donna un baiser sur le front, lui tendit l’écran portable et repartit en direction de l’ascenseur. Elle s’arrêta tout à coup et dit à sa sœur,

    Je vais dévier tous les appels des personnes que je ne connais pas ou qui travaillent pour Maman sur ta puce, d’accord ?

    D’accord, répondit Lune’.

Etoile’ entra dans l’ascenseur, fit un signe à sa sœur et s’en alla vers les toits pour retourner chez elle revoir son chéri sur Ariane. Lune’ seule regarda ce qu’il y avait d’écrit sur l’écran portable que leur avait laissé leur mère. Elle lut les grands titres, « Aller voir à Buenos Aires sur mon île de Puerto Madero comment sont les géants des glaces et en choisir un pour que Victoire fasse des recherches dessus », « Appeler mon espion chez le Renouveau, en disant toujours –Squiz– au début et à la fin de la conversation », « Aller voir dans la Mer Morte où en sont les recherches », …

Lune’ s’arrêta de lire lorsqu’elle entendit un bruit, elle regarda autour d’elle et vit toutes ces choses qui lui faisaient peur. Elle se dirigea vers l’un des ascenseurs lorsqu’elle entendit le bruit à nouveau, cela venait de derrière elle. Lune’ se retourna et chercha des yeux ce qui faisait ce bruit. Elle avança parmi les squelettes et les armes qui l’effrayaient, jusqu’à ce qu’elle puisse voir qu’il y avait quelque chose qui cognait contre l’une des fenêtres. C’était une sorte de boite qui était à l’extérieur et qui semblait vouloir rentrer. Lune’ appuya sur un bouton pour faire descendre la fenêtre, beaucoup de vent pénétra dans la pièce, faisant tomber plusieurs armes et armures de sa mère sur le sol. Dès que la boîte fut entrée Lune’ referma la fenêtre et suivit le cube volant qui venait d’entrer. Ce dernier alla jusque sur le bureau de sa mère où il se posa.

Lune’ alla voir le paquet. C’était un des colis recommandés qui existaient avant les téléporteurs. Elle les avait étudiés à l’école. Elle mit sa main sur le cadre de reconnaissance digital et signala ainsi qu’elle avait reçu le paquet pour sa mère. Elle regarda, mais rien ne se produisit. Normalement le paquet aurait dû s’ouvrir après qu’elle ait signé digitalement la réception du colis. Lune’ en regardant un peu mieux ce dernier vit qu’il était en mauvais état, il avait plein de bosses et ce qui était écrit dessus était presque effacé. En passant quelques minutes à déchiffrer les lettres presque illisibles qu’il y avait dessus, elle put lire que c’était un colis à destination de Raphaëlle Galaxy, de la part de Charles Galaxy, posté il y avait environ vingt ans et programmé pour arriver plus de quatorze mois plus tôt. Apparemment la livraison qui avait été programmée si longtemps auparavant avait eu quelques problèmes et avait tardé à venir.

Lune’ vit que plusieurs des aéropropulseurs étaient détruits et de nombreux autres abîmés, c’est pour cela que le colis n’avait pas pu aller jusqu’au toit comme il aurait normalement dû le faire. La fille de Raphaëlle était curieuse de savoir ce que son grand-père avait pu envoyer à sa mère alors qu’elle-même n’était pas encore née. Normalement elle n’aurait pas eu le droit de toucher au colis, mais maintenant c’était elle la chef. Elle le prit dans ses petits bras et le déposa dans un des ascenseurs. Ensuite elle retourna au milieu des armes de sa mère à la recherche de quelque chose qui l’aiderait à forcer l’ouverture du paquet. Elle trouva un glaive romain bien affûté et se dit que ce serait parfait. Elle l’emporta dans le même ascenseur que le colis et demanda à ce dernier de l’emmener dans sa chambre. La porte se referma, puis lorsqu’elle s’ouvrit à nouveau elle était à l’étage qui était sa chambre. Elle porta le paquet jusqu’au bureau sur lequel elle avait l’habitude de faire ses devoirs. Puis alla chercher le glaive qu’elle mit à côté. Après avoir fait tout cela Lune’ mit la main à son oreille pour appeler le chef des services de sa maison, celui qui dirigeait tous les employés, « Brian Sullivan »,

    Bonjour Mademoiselle Lune, dit Brian’ Sullivan, qui regardait toujours qui l’appelait pour saluer son interlocuteur par son prénom.

    Bonjour Brian, je voudrais que vous me prépariez un étage pour en faire mon bureau, je vais remplacer Maman pendant qu’elle n’est pas là.

    A votre service Mademoiselle, dois-je en préparer un autre pour Mademoiselle Etoile ? J’ai reçu un néomail de votre mère disant que vous alliez vous occuper de ses affaires toutes les deux.

    Non ce n’est pas la peine, Etoile n’a pas le temps de remplacer Maman, je vais le faire toute seule.

    Bien, répondit Brian’ se demandant comment une enfant de neuf ans allait pouvoir régler les affaires de la plus grande entreprise humaine de tous les temps, comment dois-je arranger l’étage ?

    Je veux que les murs et le sol soient bleus et le plafond rose, avec un grand bureau jaune au milieu de la pièce.

    Autre chose ? demanda Brian’.

    Non, c’est tout pour le moment, je verrai après, répondit Lune’.

    Bien ce sera prêt dans quinze minutes, à bientôt Mademoiselle.

Grâce aux sols, murs et plafonds de la résidence Galaxy qui étaient recouverts d’un écran très fin, changer les couleurs d’une pièce, quelle que soit sa taille, était quelque chose d’extrêmement facile et rapide à réaliser. Bien que le système soit très onéreux, son installation n’avait été qu’une maigre dépense pour la femme la plus riche de la planète.

    A bientôt, répondit Lune’.

Alors qu’elle enlevait la main de son oreille, elle regretta de ne pas avoir demandé quelques boîtes de pralinés de l’Empire du Chocolat. Tant pis, elle les demanderait plus tard, elle avait plein de choses à faire. Elle prit le glaive et introduisit sa pointe dans le colis qui n’avait pas voulu s’ouvrir. Elle força autant qu’elle le pouvait avec ses petits bras et finalement le paquet céda et s’ouvrit en deux. Elle regarda à l’intérieur et vit qu’il n’y avait qu’une lettre.

 

 

Ma Chere petite Raphaëlle,

 

Je suis actuellement sur mon yacht et dans quelques instants je vais mettre fin à mes jours. Tu as du remarquer que je suis différent depuis que je suis revenu avec les téléporteurs de mon dernier voyage dans l’espace… La vérité est que je ne me contrôle plus, une force a prit possession de mon corps. Jack aussi est possédé. J’aimerais avoir le temps de te raconter tout ce que j’ai à te dire mais je sens que je ne resterai pas moi-même très longtemps. Tu vas recevoir cette lettre dans plusieurs années, je ne peux pas te l’envoyer tout de suite parce que Jack et les autres qui sont revenus de l’espace te surveilleront après ma mort pour être sûr que tu ne découvriras rien et que tu ne les dérangeras pas. Prête bien attention à ce que je vais te dire maintenant, tu ne dois sous aucun prétexte aller dans l’espace. Je sais qu’à un moment Jack te poussera à y aller en invoquant une quelconque raison, dit lui que c’est d’accord, que tu iras et éloigne-toi de lui. Ensuite arrange-toi pour ne plus avoir de contact avec lui que par intermédiaire ou par puce. Il ne peut pas se déplacer beaucoup tout seul, il ne viendra pas jusque chez toi. Rappelle-toi, ne vas jamais, jamais, jamais voir les installations qui fabriquent les téléporteurs sur l’astéroïde ou quoi que ce soit qui soit à proximité. J’aurais voulu pouvoir te prévenir de tout cela bien plus tôt mais je ne contrôlais plus mon corps. D’ailleurs je me sens de plus en plus faible et je vais devoir arrêter ici cette lettre. Ma chere petite fille si tu savais comme je t’aime et comme je suis désolé de ce qu’il s’est passé… Si seulement nous n’étions pas allés là-bas…

 

            Affectueusement,

                                               Ton père qui t’aime, Charles Galaxy.

 

    Maman… murmura Lune’ en terminant la lettre de son grand-père.

 

 

Publié dans Livre: Terre Bleue

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