Chapitre 74

Publié le par Charles

 

 

Raphaëlle venait de se poser en face du chalet de Jack Karter. Elle frappa à la porte de bois et Jack vint lui ouvrir.

    Tu es finalement venue… dit la voix d’outre tombe.

Jack et Raphaëlle se tutoyait toujours lorsqu’ils étaient en privé.

    Je suis désolée du retard, répondit Raphaëlle, mais j’ai eu beaucoup de travail récemment.

Ils s’assirent l’un en face de l’autre dans des fauteuils en cuir marron qui étaient à côté d’une fenêtre au fond du salon du chalet de Jack.

    Tout ce que tu as fait jusqu’à maintenant n’a pas d’importance.

Raphaëlle avait l’impression que la cape de Jack s’agitait plus que d’habitude.

    Tu dois partir le plus vite possible pour les usines.

    Mais qu’est-ce que je vais aller faire là-bas ? C’est toi qui t’occupe de ces choses-là.

    Tu mettras un mois pour y aller environ, tu devrais arriver juste à temps, dit Jack.

    A temps pour quoi ? demanda Raphaëlle.

    Tu devrais arriver avant que ceux qui se trouvent sur l’astéroïde où se trouvent toutes les usines ne commencent leur grève.

    Mais que demandent-ils pour arrêter leur grève ? Si c’est une augmentation ou quelque chose comme ça, nous devrions leur donner directement, dit la directrice de la Galaxy Corporation.

    Ils ne veulent qu’une seule chose et c’est te rencontrer.

Raphaëlle était exaspérée, elle n’avait pas envie d’aller si loin.

    Oui enfin ce ne sont que des employés, ce sont des pièces remplaçables, ils n’ont pas à dicter leur loi. Ils veulent me rencontrer ? et bien moi je n’ai pas envie de les voir. Tu n’as qu’à tous les virer et envoyer de nouveaux travailleurs dans les usines.

    Ils ne sont pas remplaçables, ils sont les seuls à avoir le savoir-faire nécessaire à la création des téléporteurs.

    Mais nous avons encore beaucoup de stock sur Terre et après tout il y a déjà des téléporteurs partout. Si nous arrêtions de produire pour un moment ou même de vendre pendant quelque mois ce ne serait pas un drame. Bien au contraire, cela nous permettrait même d’augmenter les prix plus tard.

    Pourquoi cherches-tu une excuse pour ne pas aller les voir ? Ils ne demandent pas grand-chose après tout.

    Mais ce n’est pas que je ne veuille pas les voir, dit Raphaëlle, je préférerais juste que ce soit eux qui se déplacent. Ne peuvent-ils pas envoyer l’un des leurs comme représentant de leurs revendications ?

    Ils n’ont pas d’autres revendications que de te voir, répondit Jack.

    Mais enfin pourquoi ? Si on leur envoyait une photo de moi ça ne leur suffirait pas ? plaisanta Raphaëlle.

    Cela ne t’intéresse donc pas de voir comment se fabriquent les téléporteurs ?

    Non pas vraiment, répondit-elle.

    Tu n’as jamais pris une de ces machines de toute ta vie comme ton père te l’avait conseillé, n’est-ce pas ? demanda Jack bien que sachant la réponse.

    Non je ne les ai jamais utilisés, j’ai aussi interdit à mes filles de les prendre.

    Et tu ne t’es jamais demandé pourquoi tu ne devais pas prendre une machine que fabriquait une entreprise que ton propre père dirigeait.

    Si, souvent, répondit Raphaëlle.

    En allant là-bas tu comprendras tout, tu sauras tout ce que tu dois savoir.

Raphaëlle se leva et alla en direction de la porte.

    Ecoute, je n’ai pas envie d’aller là-bas et je n’irais pas.

Elle prit la poignée de la porte et tira pour l’ouvrir mais celle-ci était fermée à clef. Elle se retourna pour demander à Jack de lui ouvrir et vit qu’il n’était plus sur le fauteuil. Elle sentit un vent près de ses jambes. Elle baissa les yeux et vit le masque de Jack posé sur le sol au-dessus de sa cape. Le courant d’air semblait venir de celle-ci. Elle regarda partout autour d’elle pour voir où pouvait se trouver l’ami de son père. Mais il n’était nulle part. Elle regarda à nouveau le masque et se baissa pour le ramasser. Elle n’eut pas le temps de le toucher que la cape se mît à gonfler sous celui-ci le faisant monter de plus en plus haut jusqu’à ce que cape et masque prennent la place qu’ils avaient lorsque Jack les portait

    Tu dois y aller, dit le masque.

    Jack ? Comment est-ce que tu fais ça ? demanda Raphaëlle épouvantée le dos à la porte en bois du chalet.

    Lorsque tu auras été là-bas, tu comprendras tout, dit la voix d’outre tombe qui venait de derrière le masque.

Raphaëlle bien qu’effrayée répondit,

    Non, je n’irai pas ! Et toi tu es viré ! Laisse moi partir maintenant !

Une sorte de vapeur bleue jaillit des bords du masque de Jack.

    Pauvre petite imbécile, tu es en dehors de tout ! Tu vas aller là-bas parce que je te le dis.

L’image de son père en train de lui dire de ne jamais aller contre Jack lui revint, mais malgré cela elle cria,

    Non je n’irais pas, je ne veux pas finir comme toi ou Papa !

La vapeur sortant du masque se fit plus intense.

    Tais-toi, dit Jack.

Alors qu’il lui avait dit cela une onde de choc avait percuté Raphaëlle, comme une grande claque que lui aurait donné une vague d’air venant de la cape.

    Tu iras là-bas car telle est ta destinée, lui dit-il.

    Je… Je… Je n’irai pas ! balbutia Raphaëlle.

    Tu l’auras voulu, dit la voix de Jack.

Raphaëlle ferma les yeux s’attendant à recevoir une nouvelle onde de choc, mais rien ne se produisit. Elle ouvrit les yeux et regarda autour d’elle. Jack n’était plus là. Elle fit un pas en avant et sentit qu’elle marchait sur quelque chose. Elle regarda à ses pieds et vit la cape de Jack, elle la souleva et vit le masque en dessous. Elle posa la cape de côté et prit le masque. Il était fait dans une sorte de porcelaine légère, elle le tourna pour regarder la face qu’elle n’avait jamais pu voir. Elle sentit alors quelque chose se frotter contre ses jambes. C’était la cape qui était en train de monter en tournant autour de ses jambes à la manière d’un serpent. Elle essaya de bouger pour se dégager, mais la cape lui tenait fermement les deux pieds joints et elle tomba vers l’avant. Elle lâcha le masque qui allait tomber sur le sol lorsqu’un bout de la cape le rattrapa de justesse avant de le poser doucement sur le plancher. Raphaëlle, allongée sur le dos, avait maintenant mains et jambes liées par la cape. Elle se débattait de toutes ses forces, mais la cape la tenait fermement. Raphaëlle vit alors le masque s’envoler seul dans les airs pour venir se mettre une vingtaine de centimètres au-dessus de son visage. La face creuse du masque commença à descendre vers elle. Raphaëlle tourna la tête sur la gauche pour que le masque ne puisse pas se mettre sur elle mais la cape lui attrapa la tête et la força à ne plus bouger. Le masque se posa lentement sur le visage de Raphaëlle qui poussa un terrible hurlement. 

Publié dans Livre: Terre Bleue

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